Décryptage du padel : une discipline en plein essor

Loïc Le Panse, ancien membre de l’équipe de France de padel, se souvient : « Quand j’annonçais que le padel deviendrait une passion en France, on me regardait comme un rêveur ». Aujourd’hui, ses amis ont changé de ton. « Ils me considèrent comme un visionnaire », plaisante-t-il. Cette anecdote illustre parfaitement la croissance fulgurante du padel.

Quasiment absent en France jusqu’aux années 2010, ce sport venu d’Espagne séduit désormais des milliers de passionnés chaque année. Son essor est tel que Qatar Sports Investments (QSI), le fonds propriétaire du Paris-Saint-Germain dirigé par Nasser al-Khelaïfi, a décidé d’investir dans la discipline, lançant ainsi un nouveau circuit mondial avec pour ambition de le faire figurer aux Jeux Olympiques.

Pour un sport qui a fait ses preuves depuis près de soixante ans dans les pays hispanophones, cette reconnaissance internationale marque une nouvelle ère. Créé dans les années 1960 à Acapulco (Mexique) par l’entrepreneur Enrique Corcuera, le padel a été introduit en Espagne par le prince Alfonso de Hohenlohe, avant de s’étendre progressivement sur la péninsule ibérique et en Amérique latine. Il est désormais classé deuxième sport en Espagne, dépassant même le tennis, avec plus de deux millions de pratiquants, dont près de cent mille licenciés.

En France, ses débuts ont été modestes. « Quand nous avons envisagé d’installer quelques terrains de padel dans nos centres de foot à 5 en 2014, nous avons dû expliquer aux banques qu’il ne s’agissait pas de stand-up paddle sur l’eau », se rappelle aujourd’hui Marc Dessenis, cofondateur et directeur marketing du groupe Le Five, qui gère désormais une centaine de “pistes” (terme utilisé pour désigner les terrains de padel) dans vingt clubs.

Le padel a été intégré à la Fédération Française de tennis (FFT) en 2014, mais c’est seulement récemment que des actions concrètes ont été entreprises pour son développement. Sous l’impulsion de Gilles Moretton, élu président de la FFT en février 2021, et d’Amélie Oudéa-Castéra, devenue ministre des Sports en mai, un plan d’action a été mis en place pour répondre à l’engouement croissant pour ce sport.

Face à la demande croissante, des efforts sont faits pour augmenter le nombre de terrains. La FFT vise à atteindre 2 000 pistes d’ici 2024, grâce notamment à un plan de financement gouvernemental de 5 000 terrains de sport de proximité en vue des Jeux Olympiques de Paris 2024, incluant la création de 500 pistes de padel.

En parallèle, le monde professionnel du padel est également en mouvement. Alors que le World Padel Tour a longtemps été la référence mondiale, Qatar Sports Investments, dirigé par Nasser al-Khelaïfi, a décidé d’intervenir en créant un nouveau circuit appelé “Premier Padel”, en collaboration avec la Fédération internationale de padel (FIP) et l’Association des joueurs professionnels (PPA). Cette initiative vise à offrir de nouvelles opportunités aux joueurs professionnels et à propulser le padel sur la scène internationale.

Ce virage vers le professionnalisme ne va pas sans heurts. Le World Padel Tour a déposé plainte contre la Fédération internationale, QSI et la PPA pour concurrence déloyale, révélant ainsi les tensions croissantes dans le monde du padel.